Après avoir bien profité de Chiang Mai (ses marchés, ses temples), cap sur l’Ouest et les montagnes, non loin de la frontière birmane. Nous avons opté - sans hésitation vu les louanges sur les forums de voyageurs- pour un trek de 3 jours avec l’agence « Pooh ecotrekking ». La fine équipe se composait de notre guide Karen Ropooh, 2 Bretonnes (l’une a fait son stage de coiffure à Plessala, avec un peu de chance elle a dû coiffer Mamie !!!) deux Allemands et nous trois (Claire, la sœur d’Igor, a eu la chance de vivre avec nous ses supers moments, on était bien contents !!).
Le trek était vraiment génial, tout se goupillant bien : un guide qui connaissait plein de choses sur la nature et sur les gens, convaincu par l’approche de l’agence (« ne prendre que des photos, ne laisser derrière soi que l’empreinte de ses pas et ne « gaspiller » que son temps ») qui était drôle et gentil ; un groupe sympa ; un programme diversifié, avec des moments forts différents chaque jour.
Notre départ de rando se trouve à plus de trois heures de route de Chiang Mai, mais le trajet sera ponctué de nombreux arrêts divertissants. D’abord, on fait le marché : autant la section « fruits et légumes » est plaisante (c’est beau !), autant la section boucherie est soit cocasse, soit carrément repoussante !
on vous évite les intestins !
L’arrêt pipi a aussi son charme.
On finit le trajet entassé à l’arrière d’un pick-up, c’est le début de l’aventure !
On commence notre marche dans les collines, et Ropooh nous apprend plein de choses sur la flore et la faune locales, toujours avec une méthode « main à la pâte », la meilleure pour retenir ! On découvre entre autres des feuilles qui font des bulles, des herbes qui font des avions, des araignées énormes (les araignées sont des animaux très amicaux, apprendra-t-on, elles ne font de mal que si on les écrase/agresse/embête…), un tronc qui fait bzzz (avec une ruche dedans !), des haricots maracas… On goûte plein de fruits et de baies qui sont censés être « sucrés », avalés par Ropooh sans grimace… et qui sont en fait super aigres ou acides !
Une petite rigolote, la Buffalo spider et ses deux cornes
En fait, avec l’un des fruits, si on persévère un peu et qu’on le garde en bouche quelques minutes, c’est vrai que cela devient un peu plus doux… à moins que ce soit notre salive qui semble plus sucrée en comparaison de l’acidité du fruit ???
J’ai servi de cobaye pour répondre à la question « savez-vous comment les karens teintaient leurs vêtements avant ? »… il suffit de faire rouler une feuille de teck dans ses mains pendant 2 minutes, et on obtient ce magnifique teint de guerrier !
En fin d’après-midi, on arrive au lavoir du village karen, et une femme qui était en train de faire son plein d’eau nous sert de cobaye pour dire « tablu-naboneta », ce qui veut dire bonjour, mais aussi merci (et peut-être au revoir, on est pas sûr d’avoir bien compris) ! Quelques minutes plus tard, on arrive dans un joli village tout en bois et on s’installe dans une des maisons. Nos hôtes sont non seulement « envahis » par notre petit groupe constitué d’étranges énergumènes (un gros allemand, une femme avec des fausses nattes noires, un barbu bien barbu, des yeux bleus, des cheveux blonds…), mais aussi par la moitié du village venu voir les curiosités.
C'est quoi ces cheveux bizarres?
On apprendra plus tard que de toute façon, dans les villages karens, la coutume veut que tous les soirs, les hommes fassent un peu le tour des maisons ensemble pour rendre visite aux femmes restées à la maison (en tout bien tout honneur, attention !). On nous sert de petits godets de « whisky » (c’est plutôt un vin de riz peu fort, qui nous fait penser au raksi népalais) qui se remplissent non-stop. C’est bientôt l’heure de préparer le repas. Au départ, on flippe un peu car notre hôte se met à mélanger de la viande très très rouge avec du sang aussi rouge et des abats… et ensuite, il le met au milieu et nous propose de tremper des morceaux de carottes dedans. Hum…pour une fois, on va passer l’apéro ! Ensuite, tout le monde participe, on coupe des légumes, de la viande, on remue des choses sur le feu (comme partout, la cuisine, c’est au feu de bois !), et au final, on a un très bon repas : curry vert de poulet aux aubergines et lait de coco, légumes sautés, le tout avec Claire aux fourneaux !
On profite de la soirée pour goûter le tabac des karens (100% feuilles de tabac), Ropooh nous montre comment les femmes préparent leur bétel, on essaie d’échanger avec eux. Un des hommes répète tout ce qu’il entend, que ce soit en anglais ou en français, et le fait très bien. Par exemple, quand on réalise qu’ils roulent leurs cigarettes dans des feuilles de tabac, et que l’un dit « c’est des feuilles », il répète, enthousiaste et très fort « c’est des feuilles !!! ». On a bien ri. On passe vraiment une bonne soirée, on a vraiment l’impression d’un échange, d’une malicieuse complicité partagée, d’une grande fraîcheur de leur part. On se sent plus invités qu’imposés, et on se couche dans la même pièce que nos deux hôtes, juste de l’autre côté du feu.
La nuit est un peu rude (bien fraîche, sur un sol dur), mais la matinée est tranquille : on visite le village. Il y a plus de monde que d’habitude car c’est la saison « facile », il faut retaper un peu les baraques (toits de chaume), récolter le bois pour la saison humide (le bois servant non seulement à chauffer, mais, surtout, à cuisiner), préparer des vêtements en les tissant à la main… Dans un deuxième village, on voit même comment est fabriqué l’alcool local, avec un alambic fait avec de vieilles courges/calebasses… !
Dans les deux villages, les personnes âgées (hommes et femmes) portent leurs costumes traditionnels colorés, tandis que parmi les plus jeunes, seules les femmes les portent. On voit pas mal de très jeunes femmes enceintes, pas mal de jeunes enfants et des vieux bien vieux…
On commence ensuite notre rando en descendant rapidement vers une première rivière, qui rejoint ensuite une plus grande rivière, lieu de déjeuner… et de baignade !
On longe ensuite la rivière pour arriver à notre camp, une grande cabane de bambou à la confluence de 2 rivières, idéal pour la douche ! Les hommes karens qui nous ont accompagné toute la journée commencent ensuite à préparer notre « vaisselle », tout en bambou : baguettes, cuillères, plats, assiettes, gobelets, plats à usage unique… C’est beau… et en plus cela s’avèrera très bon ! Le riz est cuit dans de grands bambous posés directement sur le feu.
On passe une très bonne soirée, arrosée par 2 bouteilles de whisky coupées à l’eau chaude qu’on partage avec nos cuisiniers/porteurs, qui veillent à bien remplir les verres et ne sont pas les derniers à les vider.
Le lendemain (nuit toujours aussi dure et fraîche !), petit déj royal avec des œufs brouillés cuits dans du bambou (et agrémentés de quelques petites fourmis, mais cela n’a aucun goût), fruits bien mûrs (ananas, bananes, papayes, fruits du dragon) et pain toasté au feu de bois. La marche commence par du canyoning à l’envers : on remonte la rivière et on s’arrête pour se baigner dans une belle cascade.
Le clou de la journée sera la traversée aux flambeaux (de bambou, toujours) d’une longue grotte traversée par la rivière : 10 minutes de pure féérie, les pieds dans l’eau, éclairés par le feu des torches, avec le bruit de la rivière en fond sonore. Magique !
Sortie de grotte : ouah c'est beau !
On a fini, histoire de rendre ce trek un peu plus sportif, par une bonne côte bien raide et bien longue, mais notre déjeuner nous attendait en haut, dans des feuilles de banane, comme la voiture qui nous ramènerait à notre point de départ.
Sur la route pour rentrer à Chiang Mai, notre chauffeur s’est arrêté à un petit stand pour acheter… mais qu’est-ce que c’est que ce truc ????
des œufs de fourmi, pardi ! Un régal (pas selon nos standards, hein, on a goûté, c’est pas très bon… en même temps, on est difficile, on aime pas le caviar) qui se revend très bien en ville, et dont la saison est très courte. De quoi mettre du beurre dans le riz de notre chauffeur, qui a l’intention de revendre tout ça à Chiang Mai avec une bonne marge et qui du coup, s’arrête à chaque stand au bord de la route et dévalise littéralement les petites marchandes !
Encore merci à notre guide Ro-pooh, qui nous a donné plein de clés pour comprendre la culture karen et ne pas faire d’impairs, pour savoir un peu « survivre » dans la jungle en mangeant des fruits ou en faisant notre propre vaisselle, et tout ça en nous faisant bien marrer !
En guise de conclusion sur notre séjour thaïlandais, quelques anecdotes et impressions sur le pays :
Première impression : il fait chaud !!!! Nous quittons enfin le petit pull du soir (voire le multicouches + sac de couchage de montagne pour le Népal !), du moins pour le Sud (nous avons remis une petite laine dans le Nord).
Dur dur de négocier ! Les taxis nous menacent de nous abandonner au bord de la route, les vendeurs nous sortent des factures « prouvant » qu’ils ne se font quasiment pas de marge, et au marché ils refusent tout simplement de rentrer dans la négo… on doit pas être bons !!
La météo nous a particulièrement fait sourire, jugez plutôt ! Les symboles sont rigolos (on dirait des pères Noël), et les degrés correspondant au petit bonhomme emmitouflé (mais pas encore au point de faire un feu de cheminée), c’est entre 20 et 30, considéré comme « cool »… Ah ah ah !!!
Bus :
1- Igor n’en dort plus la nuit (enfin, …) : on n’a jamais payé le bus à Bangkok. La première fois, on a voulu acheter un ticket à un kiosque près de l’arrêt de bus, mais le chauffeur nous a dit de monter vite dans le bus, car il allait partir… alors on saute dans le bus, et on attend que l’accompagnateur/contrôleur nous demande de payer… mais cela ne s’est jamais produit. Les autres fois, idem. En même temps, on a jamais vu personne payer ou valider le moindre billet…
2- On est toujours arrivé à bon port (Bangkok, c’est géant !) grâce à l’aide de quelqu’un qui, spontanément, venait nous demander où on allait et allait prévenir le chauffeur pour qu’il nous arrête au bon endroit. De même, dans les trajets longs, il y avait toujours quelqu’un (à moins que ma mémoire soit sélective, je crois que c’est toujours une femme qui nous a aidés… alors les gars ??) pour nous expliquer ce qui se passait, où on était, ce qu’on était censé faire etc. Ce qui n’est pas toujours évident. Par exemple, une pause « dîner » à 3h du mat’ : en échange de son billet de bus, on a droit à une soupe de nouilles, un plat riz+viande ou une boisson.
Plus de photos ici : Thailande/Chiang Mai et trek karen
Interro surprise pour toi lecteur fidèle (à la clé, une carte postale) : où avons-nous déjà mangé des fourmis ? (réponse via le commentaire, l’heure française faisant foi !)